Vous n'êtes pas identifié(e).

#1 Le 13/10/2019, à 09:06

P'skhal
Explorateur
Lieu : Au-delà du portail
Inscription : Le 18/08/2016,
Messages : 37 104

Les « pièges liberticides » de l’informatique

Mercredi 2 octobre 2019.

Il se décrivait lui-même comme « épris de justice » : Louis Joinet, éducateur de rue, magistrat, premier avocat général à la Cour de cassation, cofondateur du Syndicat de la magistrature, expert indépendant à l’ONU, conseiller à Matignon et à l’Élysée, est mort le 22 septembre à 85 ans.

En 1979, quelques mois après la création de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), dont il fut le premier directeur, il signait dans nos colonnes un article prémonitoire…

Louis Joinet a écrit :

«La qualité du tissu social, le pluralisme des forces et le jeu des contre-pouvoirs l’emportent sur les pièges liberticides dus à la technologie » (1). L’assertion, doit être considérée avec réserve. Elle présuppose sur le long terme, que nous soyons en mesure d’avoir une claire vision des conséquences de l’informatisation, alors qu’il est affirmé par ailleurs que, dans ce domaine, nous sortons à peine de la préhistoire. Elle postule la permanence de l’Etat de droit démocratique au moment même où, de législations d’exception en lois de circonstances, la démocratie subit en Europe un fléchissement latent. Cette France au-dessus de tout soupçon oublierait-t-elle cette gangrène pour la démocratie — il en reste de nombreuses traces dans notre droit — que fut la guerre d’Algérie ? Sans qu’y prenne part, il est vrai, l’informatique. Non point par vertu démocratique : il était techniquement trop tôt.

Dès 1973, la voie est ouverte par les Etats-Unis, au Vietnam, à l’occasion de l’opération « Phœnix ». « Dans le cadre de cette opération, policiers et unités paramilitaires sont lâchés dans les villes et les campagnes pour arrêter tous ceux dont les noms figurent sur une liste noire (fichier sur ordinateur de suspects dressée par les agents de renseignements américains) » (2).

On objectera à juste titre que, les guerres coloniales étant terminées, la démocratie ne devrait plus succomber à de telles tentations. Voire ! A l’occasion de la discussion du budget du SDECE (service de contre-espionnage), on a pu lire ceci dans le Monde daté 12-13 octobre 1975 : « Le SDECE fait appel de surcroît à de jeunes recrues du contingent — une centaine environ chaque année — qui sont rigoureusement sélectionnées et qui occupent des emplois... (notamment) d’analystes, de programmeurs et pupitreurs depuis que le service utilise l’informatique pour la recherche des renseignements, la gestion des personnels et la constitution d’un fichier central moderne... » Cette information inquiète par son imprécision, de même qu’est inquiétant sur ce point le silence tant du rapport de la commission « Informatique et Libertés » que du rapport sur « l’information de la société ».

L'article sur Le Monde diplomatique


“ Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain „

P'skhal

#1 Le 13/10/2019, à 09:06

Explorateur
Lieu : Au-delà du portail
Inscription : Le 18/08/2016,
Messages : 37 104

Mercredi 2 octobre 2019.

Il se décrivait lui-même comme « épris de justice » : Louis Joinet, éducateur de rue, magistrat, premier avocat général à la Cour de cassation, cofondateur du Syndicat de la magistrature, expert indépendant à l’ONU, conseiller à Matignon et à l’Élysée, est mort le 22 septembre à 85 ans.

En 1979, quelques mois après la création de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), dont il fut le premier directeur, il signait dans nos colonnes un article prémonitoire…

Louis Joinet a écrit :

«La qualité du tissu social, le pluralisme des forces et le jeu des contre-pouvoirs l’emportent sur les pièges liberticides dus à la technologie » (1). L’assertion, doit être considérée avec réserve. Elle présuppose sur le long terme, que nous soyons en mesure d’avoir une claire vision des conséquences de l’informatisation, alors qu’il est affirmé par ailleurs que, dans ce domaine, nous sortons à peine de la préhistoire. Elle postule la permanence de l’Etat de droit démocratique au moment même où, de législations d’exception en lois de circonstances, la démocratie subit en Europe un fléchissement latent. Cette France au-dessus de tout soupçon oublierait-t-elle cette gangrène pour la démocratie — il en reste de nombreuses traces dans notre droit — que fut la guerre d’Algérie ? Sans qu’y prenne part, il est vrai, l’informatique. Non point par vertu démocratique : il était techniquement trop tôt.

Dès 1973, la voie est ouverte par les Etats-Unis, au Vietnam, à l’occasion de l’opération « Phœnix ». « Dans le cadre de cette opération, policiers et unités paramilitaires sont lâchés dans les villes et les campagnes pour arrêter tous ceux dont les noms figurent sur une liste noire (fichier sur ordinateur de suspects dressée par les agents de renseignements américains) » (2).

On objectera à juste titre que, les guerres coloniales étant terminées, la démocratie ne devrait plus succomber à de telles tentations. Voire ! A l’occasion de la discussion du budget du SDECE (service de contre-espionnage), on a pu lire ceci dans le Monde daté 12-13 octobre 1975 : « Le SDECE fait appel de surcroît à de jeunes recrues du contingent — une centaine environ chaque année — qui sont rigoureusement sélectionnées et qui occupent des emplois... (notamment) d’analystes, de programmeurs et pupitreurs depuis que le service utilise l’informatique pour la recherche des renseignements, la gestion des personnels et la constitution d’un fichier central moderne... » Cette information inquiète par son imprécision, de même qu’est inquiétant sur ce point le silence tant du rapport de la commission « Informatique et Libertés » que du rapport sur « l’information de la société ».

L'article sur Le Monde diplomatique


“ Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain „

Hors ligne

Hors ligne

#2 Le 13/10/2019, à 09:08

M'lou
MétalWoman
Lieu : Quelque part dans la Galaxie
Inscription : Le 18/08/2016,
Messages : 41 500

Re : Les « pièges liberticides » de l’informatique

......


L'amour est comme un jardin, il doit se cultiver chaque  jour pour donner le meilleur de lui-même

M'lou

#2 Le 13/10/2019, à 09:08

MétalWoman
Lieu : Quelque part dans la Galaxie
Inscription : Le 18/08/2016,
Messages : 41 500

......


L'amour est comme un jardin, il doit se cultiver chaque  jour pour donner le meilleur de lui-même

Hors ligne

Hors ligne

Pied de page des forums